Mieux traverser le deuil par Amande Marty

Amande raconte l’expérience du deuil de son fils Gaspar. Elle nous propose de la suivre pas à pas dans sa traversée en apportant des clés pour se reconstruire. Elle transmet un message d’espoir et nous invite à mettre en place nos propres rituels pour se réapproprier ces moments de vie .

Quand votre univers s’effondre, parfois, seule une furieuse envie de vivre vous permet de vous en sortir. Amande Marty est une maman endeuillée. Son fils Gaspar est décédé la veille de sa première année. Amande a tenu à raconter son histoire à travers un film documentaire “Et je choisis de vivre”. Elle est partie à la rencontre de familles, qui, comme elle et son mari Guillaume, ont vécu ce drame, et ont dû réapprendre à vivre.

En partageant son expérience, elle cherche avant tout à briser le tabou qui règne autour de la perte d’un enfant, à ouvrir le dialogue et à donner des clés pour que, jour après jour, la vie renaisse.

Pour rappel : Pourtant la vie a participé à la projection du film « Et Je Choisis de Vivre » à Roanne le 21 novembre 2019 et à Charlieu le 07 février 2020, dont l’héroïne se trouvait être Amande présente lors de la projection à Roanne.

Oui !!! Pourtant la vie est toujours là :-)

Bonjour à toutes et à tous,

Ce post s’adresse à tous nos membres et sympathisants. Pourtant la vie est en quasi sommeil depuis plus d’un an à présent en raison de la pandémie. Notre association a continué son écoute aux personnes endeuillées* et a régulièrement communiqué sur sa page Facebook mais n’a pu organiser aucune autre activité. 

Cela a pu créer une certaine démotivation mais au vu des nouvelles mesures sanitaires prises à partir du 3 mai et en espérant que nous pourrons de nouveau nous réunir en nombre raisonnable, nous envisageons une Assemblée Générale au mois de juin en présentiel et la relance de nos projets.
Brigitte notre présidente va réunir auparavant le Conseil d’administration et nous enverrons un message à tous.
 

Nous espérons que tous les membres de Pourtant la vie ainsi que ceux qui nous suivent retrouveront une certaine joie de vivre même si le monde change et ne sera plus exactement le monde d’avant.

Amitiés

 
* Les personnes endeuillées peuvent continuer de nous appeler pour des entretiens d’aide, et nous nous efforçons de réunir notre groupe d’entraide. 

Non ! Pourtant la vie n’a pas disparu ;-)

Comme vous le savez, depuis le confinement de mi-mars, notre activité associative a été interrompue pour ce qui concerne les diverses rencontres.

Seule l’activité concernant l’écoute de personnes endeuillées s’est poursuivie, et notre groupe d’entraide pour personnes endeuillées a pu se réunir (avec les précautions sanitaires en usage) depuis le 2 juin.

Pourtant la vie est donc toujours à l’écoute des personnes endeuillées. Nos bénévoles sont présents par téléphone au  07 81 74 55 10 et  sont joignables par mail.

Nous avons continué de répondre par mail* et téléphone à diverses sollicitations et d’alimenter notre page Facebook pour relayer les différents messages des acteurs des soins palliatifs et de l’accompagnement.

Nos réunions ne reprendront qu’à la rentrée avec le 10 septembre, en commençant par la reprise de notre groupe de partages sur l’accompagnement, (ouvert à tous et gratuit).

Nous souhaitons à toutes et à tous les vacances les plus paisibles possibles en vue des circonstances.

À bientôt!!!

* pourtantlavie@gmail.com

Pourtant la vie a une pensée pour chacune, chacun de vous.

Notre association Pourtant la vie a une pensée pour chacune, chacun de vous, confinés au domicile, travaillant dans des conditions difficiles… épuisés, voire malades …

En cette période où les rencontres physiques sont  très limitées, ou  au contraire, où le confinement nous enferme ensemble,  la solitude dont nous avons tous besoin manque ou devient excessive, et pour ceux qui sont seuls, le sentiment d’isolement est accru.

Le souci de ses proches, de ses collègues, des personnes habituellement accompagnées, peut peser lourd.

L’épreuve du deuil  peut être vécue de façon plus douloureuse encore…

Nous avons proposé aux membres du  groupe de partages sur l’accompagnement qui n’a pu se réunir le 19 mars de partager par messagerie quelques mots sur le thème du « cheminement » qui était choisi pour cette réunion.

Nous ouvrons cette possibilité à tous.

Vous pouvez envoyer votre réflexion sur le cheminement, sujet toujours actuel au propre comme au figuré … sur cette page, dans les commentaires ou par mail à cette adresse pourtantlavie@gmail.com.

Nous en ferons comme disait l’amie Claude lors de notre dernière journée interprofessionnelle,  un florilège qui sera placé ensuite sur notre site (en respectant l’anonymat sauf demande contraire de votre part).

Pour les personnes endeuillées nos rendez-vous sont malheureusement tous reportés, mais nos bénévoles restent à l’écoute par téléphone : 07 81 74 55 10 et  sont joignables par mail.

Prenez soin de vous et des autres, bon courage, à bientôt !

Nouer pour dénouer

Dimanche 11 février 2018
Annick Simon (Psychologue)
Pour une Session de Bioéthique

« Nouer, pour dénouer »

Autrement dit : quelle relation nouer avec celui dont je m’approche ? Puis, comment celle-ci parviendra-t-elle à dénouer sa souffrance, pour l’enrichir d’un sens nouveau ?Quelle place donner à la relation dans le soin ?

Comment celle-ci peut-elle se faire soignante face à la souffrance (du corps, de l’âme, de la pensée), et surtout comment peut-elle favoriser que cette souffrance prenne un sens ?

Me voici un peu intimidée de me trouver parmi vous, parce que, en vérité, ce (ceux) que je connais le mieux, ce sont les bébés.
Mais, au fond, ça tombe plutôt bien, parce que bébé, nous l’avons été, vous et moi et, en dépit de notre éducation, de nos études, de nos choix de vie, ce bébé-là est resté au fond de chacun de nous. Et, tenez, c’est à lui que je vais m’adresser ce matin ; alors, s’il vous plait, aidez-le à remonter en vous. Rendez-lui sa juste place !

Pendant vingt ans, j’ai eu le privilège d’être celle qui venait accueillir les bébés d’un service de Néonat. Les bébés d’abord ; leurs parents ensuite.
Un soir, au fond du service, j’ai découvert un bébé qui pleurait en silence ; je crois que c’est une des scènes les plus douloureuses qu’il m’ait été donné de vivre au cours de ces années.
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Les masques de la mort : carnaval, procession ou passage ?

Les masques de la mort : carnaval, procession ou passage ? Regard anthropologique sur les visages de la mort, ici ou là, hier et aujourd’hui.

Myriam Legenne – médecin EMSP Hôpital de la Croix Rousse Lyon

Récemment, j’accompagnais un homme amené quelques instant auparavant par le SAMU pour une hémorragie sévère. Après avoir échangé quelques mots avec lui, m’enquérant de savoir s’il comprenait ce qui lui arrivait, s’il avait mal, s’il était gêné pour respirer et s’il était inquiet, après avoir répondu à ses questions, voilà que la vie s’est mise à quitter Monsieur Jean alors qu’il avait les yeux grand ouverts. La mort l’a pris, sans lui demander son avis.

Et nous, soignants, faisant le mieux que nous pouvons faire, nous voici mis devant l’évidence : la mort nous échappe, tout comme la vie d’ailleurs qui garde sa part de mystères … L’instant de la mort file de nos doigts depuis des milliers d’années. Mais depuis des milliers d‘années, l’être humain a su l’entourer, l’habiller, le rendre plus compréhensible. Éventuellement plus acceptable. Pour quelle finalité ? Chercher, mettre du sens là où se vit l’absurdité, la brutalité, et symboliser l’expérience pour être libéré du traumatisme qu’est la mort.

L’anthropologie culturelle et notamment l’ethnographie nous ont appris énormément sur les rites funéraires, aussi divers qu’il existe de cultures de par le monde. Rien n’est alors moins fascinant que de découvrir et de comprendre une telle expérience, tel des enfants tombant sur une clairière remplie d’inattendus et de mystères. Le rite en effet, a quelque chose de secret qui ne se dévoile qu’à ceux qui le vivent, révélant alors soudain ce dont les « anciens » parlent en silence. Tel que le définit Arnold Van Gennep, ce moment si particulier a une fonction éminemment symbolique en accompagnant la transition d’une étape de vie à une autre, mais il vise aussi à garantir l’unité sociale du groupe qui le pratique. Étudier les rites comme le fait l’anthropologie nous enseigne sur la façon dont les êtres humains accompagnent depuis des millénaires les leurs dans le cycle de la vie et sur la façon dont celle ci est rythmée. Après la naissance, le baptême, la circoncision, puis les rites initiatiques à l’adolescence, le mariage … enfin la mort. L.V. Thomas, un anthropologue français, s’est attaché à en décrire non pas les causes mais la façon qu’a un groupe social d’accompagner avant, pendant et après la mort l’un des siens. Nous regarderons ici quelques éléments de ce qui fait le propre d’un rite avant de s’approcher plus particulièrement de quelques masques de la mort ou comment une communauté de vivants, dans un lieu et un espace donnés, accompagnent un membre de leur groupe au moment de ce passage. Enfin, nous nous questionnerons sur l’aujourd’hui de la ritualisation de la mort en France, oscillant selon les anthropologues entre la disparition du rituel et la création de nouveaux rites. Nous tenterons d’extraire quelques pistes de réflexion pour comprendre et ainsi mieux accompagner …
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De quoi notre regard sur la mort est-il le nom ?

Julie Henry, Maître de conférences en philosophie et éthique – ENS de Lyon

Ce qu’implique envisager la fin de vie depuis la mort
L’idée forte et originale à partir de laquelle cette journée interprofessionnelle nous propose de nous mettre en mouvement m’a tout de suite semblé à la fois foncièrement évidente (oui, en effet, parler de la mort en fin de vie… !) et en même temps révolutionnaire (puisque, pour accompagner avec constance la vie « jusqu’au bout », on put avoir tendance à repousser au loin la mort, comme si la mettre au centre des échanges risquerait de mettre les personnes en fin de vie parmi les « déjà moins en vie »). Chiche ! Et si on parlait de la mort pour mieux accompagner la vie… ?! Et si c’était finalement un moyen au contraire de faire que le « déjà presque mort » empiète un peu moins sur le« encore en vie » ? Je m’explique : on agit souvent en fonction de ce que l’on envisage pour la suite – je choisis des études en fonction du métier que je veux exercer (d’où la difficulté d’ailleurs de se décider à la sortie de l’adolescence en raison de cette difficulté à se projeter dans une vie professionnelle à venir) ; je mets dans ma valise des vêtements en fonction du temps prévu là où je dois me rendre ; je choisis et dose un médicament en fonction de l’effet que je souhaite en obtenir, etc. En toute logique dès lors, je vais accompagner la fin de vie en fonction de la manière dont je me représente la mort. Sauf que, dans le cas de l’accompagnement, la personne qui accompagne n’est pas la même que celle qui est en fin de vie, et de là peuvent naître des malentendus … si on ne s’autorise pas à parler de la mort autrement qu’en termes techniques et/ou organisationnels, si on ne se donne pas les moyens de s’interroger ensemble sur la manière dont on se la représente.

Et il y a alors des fois où, animés des meilleurs intentions, on peut « taper à côté », pour reprendre l’expression d’un psychologue lors d’une journée organisée récemment autour de la vieillesse, et ce avec les meilleures intentions. Il citait l’exemple d’une personne âgée, résidant dans un EHPAD et n’ayant pas vu sa fille depuis de très longues années. Des soignants accompagnant cette personne âgée au quotidien et s’étant inquiétés de l’absence de liens familiaux de cette personne âgée approchant de la fin de sa vie, ont alors pris l’initiative de partir à la recherche de cette fille, de prendre contact avec elle et d’organiser une rencontre entre elle et sa mère, dans l’idée que c’était le moment où jamais de renouer ce lien, de faire que la personne âgée ne décède pas sans proche à ses côtés, de faire que la fille ne reste pas avec le regret de n’avoir pas renoué avec sa mère avant le décès de cette dernière. Oui mais … Oui, mais le lien était rompu depuis des années, mais l’enfance de cette fille avait été marquée par les placements successifs en famille d’accueil, mais ce que la personne âgée avait à dire s’adressait difficilement à une personne lui étant devenue étrangère, etc. Ce moment a finalement plus accentué le malaise et le traumatisme qu’autre chose. Il ne s’agit pas d’un jugement de ma part, entendez-moi bien : les soignants à l’origine de cette initiative ont vraiment agi avec les « meilleures intentions » … Cela aurait d’ailleurs pu fonctionner, me direz- vous ! Oui, bien sûr, et cela aurait été une magnifique histoire : on ne peut jamais prédire avec certitude la manière dont se passeront les choses. Mais plus qu’une relecture a posteriori de cette initiative, qui n’aurait pas grand sens en tant que telle, c’est ce qu’elle dit de la manière dont nous nous représentons ce que serait une « fin de vie réussie » qui m’intéresse ici, une fin de vie liée à la manière dont nous nous représentons couramment la mort dans notre société.
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L’implication personnelle du soignant dans la relation de soin.

Pour définir ce que l’on entend par l’implication du soignant, on peut dire que s’impliquer dans la relation de soin, c’est s’engager, se rendre responsable de la prise en charge de la souffrance d’un autre fragile, malade ; c’est y mettre de l’énergie, y consacrer du temps, de l’attention… de soi en fait, y mettre de soi, du sien comme on dit. Avoir foi en ce qu’on fait, travailler avec tout son coeur et pas seulement avec son savoir ou toutes ses compétences car le vivant n’est pas technique, l’humain pas mécanique, pas plus que la souffrance et la maladie. C’est du sensible, de l’émotion, du corps aussi bien sûr, mais pas seulement.
Le soignant le ressent bien, il le sait et travaille avec. Avec les émotions que lui communique le patient, avec les siennes éveillées à ce contact. Avec les deux, dans un échange toujours rempli d’émotions, de tensions, d’espoirs et de peurs.Et tant mieux. De nombreux autres chercheurs (Damasio) ont montré comment les émotions pilotent l’intelligence conceptuelle. Clairement, si l’on veut des soignants performants, qui prennent les décisions les plus intelligentes, efficaces, adaptées, il faut qu’ils se servent de leurs émotions. À l’image de tous les autres grands professionnels, artistes comme sportifs, qui ne sont capables des performances les plus extraordinaires que dans des situations où les émotions les portent.

L’empathie éprouvée pour le patient conduit le soignant sur le terrain commun de l’individualité et d’une condition humaine partagée. Il s’investit en tant qu’être humain et non pas seulement en tant que technicien de la santé en prise avec un corps malade. Une autre forme de relation se crée, qui engage le soignant au-delà de sa fonction initiale et l’expose en tant que personne.

L’empathie est une véritable source de connaissances pour les soignants, qui ne provient pas seulement de l’observation de l’autre, mais de l’observation de soi, de ce que l’on ressent, de ce que l’on éprouve face à l’autre. Nous sommes des êtres sensibles : c’est-à-dire que les émotions de l’autre provoquent en nous des émotions. Lorsque nous ressentons en lien avec une autre personne du plaisir ou de la peine, de l’enthousiasme ou du découragement, ces émotions nous donnent des informations sur nous-mêmes, aussi bien que sur la relation et sur l’autre (qu’y a-t-il qui provoque notre émotion, à ce moment-là, avec cette personne-là ?).

Le revers de cette implication est le risque lié au manque de distanciation et de fusion qui en découle. Définie autant comme un outil que comme une qualité indispensable au soignant, l’empathie, dans le sens de partage des émotions, induit cette relation de proximité émotionnelle dans une situation et un temps donné : ceux du soin. Si l’engagement du soignant est nécessaire, le contrôle de la charge émotionnelle de la relation thérapeutique lui est aussi dévolu.
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